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Comme à Compostelle

Le parvis de l’église Saint-Jacques à Medjugorje est une place publique unique au monde. Comme à Compostelle, cet apôtre rassemble les pèlerins de tous les horizons dont il est le saint protecteur. À l’ombre des clochers, nous sommes tous égaux, tous des humains à la recherche d’un petit peu de bonheur, dans le désir de remplir le creux de notre cœur qui crie au secours. Aucun n’est étranger.

Ils se trompent ceux qui pensent que c’est un endroit qui attire uniquement les exaltés. C’est un espace sans frontières, riche de grâces exceptionnelles. On peut y rencontrer un juif converti, un musulman qui vénère Marie, la mère du prophète Jésus, un protestant [p. 40]tout étonné de découvrir Marie, l’humble servante, et la ponctualité de celle-ci dans ses rendez-vous quotidiens, un évangéliste qui rentre à la maison et se met à écrire sur Medjugorje, un orthodoxe amoureux de la Mère de Dieu, un athée qui tombe à genoux, foudroyé par la grâce, un catholique repentant prêt à changer son cœur de pierre en cœur de chair. Tous sont invités et tous sont bienvenus. Et nous voici à genoux, côte à côte, pour mieux nous relever. Il n’y a pas de plus grande proximité que celle-là.

Avec le groupe sur le parvis de l’église.

Souvent, j’ai pu croiser en chemin et saluer de façon spontanée des gens connus. Mais on dirait qu’ici toute personne est reconnue pour son charisme et contribue à sa mesure au bien de l’humanité, sans que son rang social soit pris en compte. Nous possédons tous un ingrédient unique qui ne se mesure pas en plus grand ou en plus petit. C’est comme une petite graine de levure que chacun fait lever selon sa propre chaleur humaine, arrosée par la grâce. Ainsi nous sommes tous importants parce que tous aimés. On se sent unique, brebis perdue, recherchée et retrouvée.

Lors de ce voyage, j’ai rencontré le professeur Henry Joyeux et le professeur Philippe Loron qui effectuaient des analyses sur l’extase des jeunes voyants. La science s’est trouvée ici confrontée à un phénomène hors du commun. Les deux scientifiques, contents de leurs recherches, avaient beaucoup de choses à nous partager et en particulier à avouer humblement qu’ils se trouvaient, en tant qu’hommes de science, devant un mystère inexplicable. J’ai vu là que la science et la religion pouvaient collaborer dans une démarche ouverte et sincère et qu’on ne devrait jamais ignorer à quel point les deux dimensions de notre être, physique et spirituelle, sont étroitement liées.

Les études et les tests sur les voyants menés avant, pendant et après l’extase, par l’équipe du professeur Joyeux[8], ont démontré [p. 41]qu’il n’y avait aucune pathologie dans l’expérience vécue par les jeunes qui disent voir la Vierge Marie. C’était une conclusion importante dans cet ordre des choses. D’autres groupes d’experts arriveront aux mêmes résultats.

Un scientifique qui reconnaît ses limites contribue davantage à la compréhension du monde qu’un théologien trop prudent qui, par crainte de se tromper, ne se prononce pas et passe à côté des signes des temps.

Vous, mes chers pèlerins, vous avez ouvert votre cœur à cet appel qui résonnait comme une mélodie de bonheur et vous remplissait de joie et de paix. Vous avez témoigné une belle reconnaissance à la vie qui vous a amenés sur ces chemins inconnus et insolites.

Un vrai pèlerin se repose de ses préoccupations habituelles. C’est le propre d’une retraite dès l’instant où elle est véritablement vécue. C’est son attrait.

– Nous reviendrons, disiez-vous.

Revenir? Qui sait? Je me sens tiraillée entre la peur de manquer à mon devoir familial et l’enchantement devant ces nouveaux défis qui ne me lâcheront plus pendant 25 ans.

Avec Jakov chez son oncle.

8. Henri Joyeux et René Laurentin, Études médicales et scientifiques sur les apparitions de Medjugorje, O.E.I.L., Paris, 1985, 170 pages. [↩]