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Sans passeport

Selon les témoignages des six jeunes, la belle Dame qui apparaît à Medjugorje se nomme elle-même : la Bienheureuse Vierge Marie, Reine de la Paix. Pour se poser sur cette terre, elle n’a heureusement eu besoin d’aucun visa, sauf la permission du Bon Dieu. Depuis, elle vit quelque chose de semblable comme à Bethléem : personne n’était prêt à lui offrir le gîte pour mettre au monde son Fils Jésus. À Medjugorje, l’accès lui a été interdit par les autorités civiles d’abord, puis par l’Église locale. Elle a souvent dû déménager. Les voyants lui sont restés fidèles et elle les a suivis dans tous leurs déplacements. La demeure la plus stable, elle l’a trouvée dans les cœurs de nombreux pèlerins conduits là par cette même étoile qui a guidé les trois rois mages. C’est la lumière de l’Esprit-Saint qui ouvre les cœurs.

Elle n’est pas seulement belle, disent les enfants, mais elle parle d’amour, de conversion, de paix, de prière, de sainteté et de pardon. Elle propage tout simplement le message évangélique de Jésus sous forme de conseils maternels, de recommandations et de rappels. Elle [p. 210]a choisi de nous le transmettre par la voyante Marija qui avoue ne pas pouvoir, dans son vocabulaire propre, dire et encadrer la beauté et la grandeur de ces expressions d’amour que Gospa lui confie.

Je découvre le message de Marie comme lorsque je me trouve devant une icône : je suis attirée par son profond regard de tendresse. Sa beauté intérieure me saisit. J’aime sa présence et je me laisse aimer. Je m’arrête, j’écoute, j’attends, et je désire qu’elle continue de me parler, de répéter, car le langage répétitif de l’amour n’est jamais ennuyeux. Dans son insistance, je vois un signe particulier de sa fidélité. Plus je suis attentive à sa demande, plus ses messages deviennent pour moi évidents et proches. Je découvre, à travers eux, la méthode d’éducation maternelle la plus appropriée.

Pour beaucoup de gens, l’Évangile est lettre morte. Pour d’autres, c’est la seule vraie Parole de vie. Il n’est pas étonnant de voir tant de gens douter et ne pas croire aux apparitions. Notre Credo de foi ne se base pas sur elles. Les apparitions ne sont que des appels occasionnels pour réveiller la foi, une invitation à se mettre en marche. Elles ne portent aucune atteinte à notre liberté; nous pouvons tout simplement les ignorer ou les nier.

Que la paroisse de Medjugorje soit attaquée n’est pas mauvais. Si elle est vraiment choisie, la Vierge ne l’abandonnera pas. Les franciscains qui œuvrent là et dirigent le sanctuaire sont fortement critiqués. On porte contre eux de lourdes accusations, même celles de manipulation. Les fils de Saint-François, appelés à demeurer humbles, obéissants, saints, trouveront dans cette épreuve une raison de plus de vivre la joie parfaite, à l’exemple de leur saint fondateur. Même les voyants sont traités de menteurs qui diffusent de faux messages. Pour rester fidèles à leur mission, ils ont besoin, eux aussi, de grandir par le pardon, la prière et la pénitence. Il n’est pas mauvais non plus de voir, à l’intérieur de l’Église, une opposition ouverte et farouche; ces attitudes contraires poussent à chercher la vérité, à demeurer objectif, à maintenir un bon jugement capable de discerner le vrai du faux, le bon du mauvais, le divin de l’humain.

Medjugorje est accessible au monde entier et tout s’y déroule à ciel ouvert. Parfois, malheureusement, il est trop exposé à la curiosité, à cause de cette figure céleste, invisible à l’œil humain. Seuls les six voyants affirment la voir et en témoignent.

[p. 211]Les apparitions de Medjugorje peuvent ne pas être reconnues officiellement. Mais le triomphe du très saint cœur de Marie qui se manifeste là ne manquera pas de s’instaurer.

Montréal, juin 1990

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