Aux Sources de Medjugorje — Avec Notre Dame vers la culture de la paix
Daria Klanac, Aux Sources de Medjugorje, Éditions Sciences et Culture, Montréal, 2014, 3e éd. (1re éd. 1998, ISBN 2-89092-240-5), chapitre ix, pages 193 à 222.
Au tournant de l’histoire, Dieu nous a envoyé son Fils promis, mais le monde l’a rejeté. Par sa mort sur la Croix, il a vécu le comble de la misère humaine. Scandale ! La honte de la Croix, sa grandeur et sa folie sont devenues le symbole par excellence de la chrétienté. Mystère insondable de l’amour !
Les Apôtres ne comprenaient rien de tout cela. Comment, humainement parlant, comprendre et accepter une telle mort du Maître qui promettait tant ? Entre Jean au cœur pur, le plus proche de Jésus pour saisir sa mission, et Judas, impur, il y avait toute une gamme d’attitudes plus ou moins claires parmi les apôtres ébranlés. Les douze élus sont l’image même de l’humanité entière face au mystère du Dieu incarné.
Les souffrances physiques et morales nous accompagnent tout au long de notre vie, de la naissance à la mort. Chacun de nous porte sa croix, faite sur mesure, et tissée au cœur de sa propre vie. Profondément scellée dans notre condition humaine, elle nous touche quotidiennement. Dieu, par amour pour nous, par la croix et la mort de son Fils, est entré dans nos croix pour leur donner, dans ce don, une valeur rédemptrice. Jésus aussi, par son exemple, nous a montré comment porter la croix. Au moment de sa douleur extrême, il a tout remis à Dieu et transformé la croix en levier de salut.
À travers les épreuves de la vie, il est difficile d’accepter notre salut de cette façon. Dans les moments de désarroi et d’obscurité, je crie avec Jésus : « Seigneur, s’il est possible, que je sois épargnée de cette coupe. » Alors, j’entends ces paroles claires et sans compromis : [p. 209]« Qui ne prend pas sa croix et ne suit pas derrière moi n’est pas digne de moi. » (Mt 10, 38) Pourtant, le Seigneur ne nous laisse pas longtemps sous le poids de la croix sans consolation. Déjà, à la page suivante de l’Évangile, il me dit : « Venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et moi je vous soulagerai. » (Mt 11, 28) Ces paroles sont des grâces qui, à travers les hauts et les bas de la vie, nous mènent vers la maturité dans la foi.
La foi adulte n’est pas toujours reliée à l’âge. J’ai rencontré à Medjugorje des jeunes sages qui m’ont surprise par leur maturité dans la foi. Les voyants ne sont pas les plus doués dans cette croissance, mais cela ne leur enlève pas l’authenticité du témoignage et de la transmission des messages qui ont une valeur en soi. Il y a, parmi eux, ceux qui vivent des expériences mystiques. L’une d’entre elles m’a fait découvrir le visage joyeux de la croix : « Prends ta croix et vole. Ne la laisse pas traîner, car ainsi elle est plus lourde et elle t’écrasera. Prends-la et vole ! »
Ils sont plus nombreux ceux qui, marchant dans la foi pure, parviennent à des connaissances très profondes de la foi. C’est le chemin le plus sûr pour atteindre la maturité. La Mère du Crucifié, dont la douleur nous sera toujours inaccessible, nous console en nous disant que nous ne sommes pas seuls puisqu’elle est avec nous.
Seigneur, bénis nos croix. Tout est grâce ! Alléluia !
Montréal, mai 1990