Forum de discussion
En novembre 2007, un nouveau fil à propos de Medjugorje est ouvert sur le forum Docteur Angélique. Plusieurs intervenants ont participé à cette longue discussion. Les extraits présentés ici regroupent les échanges entre l’historien Joachim Bouflet et l’auteure Daria Klanac en novembre 2008 et en janvier et août 2009.
Source
« Apparitions de Medjugorje - Vrai ou faux ? », Docteur Angélique — Forum de Théologie Spirituelle Catholique, 2007-, lien : http://docteurangelique.forumactif.com/…-t8582.htm.
Pages liées
• Discussion Bouflet/Klanac :
novembre 2008 |
janvier 2009 |
août 2009
• Hypothèses sceptiques
Joachim Bouflet a écrit: « une amie croate, qui vit à Paris et qui n’a pas d’opinion sur Medj. Elle est traductrice de profession. Je lui avais demandé en son temps de me dire si les traductions de Daria Klanac dans ses deux livres étaient valables, elle m’a dit qu’elles étaient "solides, rigoureuses" »
Cher Monsieur Bouflet,
Merci d’avoir fait vérifier mes traductions, bien que j’aurais aimé que vous l’ayez fait plus tôt, pour vos propres travaux. J’aimerais maintenant attirer votre attention sur la manière dont vous traitez les voyants de Medjugorje qui, à mon avis, ressemble à ce que Bernadette a subi de la part de ses adversaires.
Dans votre livre Medjugorje, ou la fabrication du surnaturel, vous écrivez page 36 : « En prolongeant après le 3 juillet les apparitions dont il est évident qu’elles sont arrivées à terme, les visionnaires sont entraînés dans une spirale irréversible. »
Pourtant Mirjana ne voit plus à chaque jour depuis Noël 1982, Ivanka depuis mai 1985, Jakov depuis septembre 1998.
Pour Jakov, page 92 : « Durant dix-sept ans, il [Jakov] n’aura servi que de faire-valoir aux autres […] »
Écoutez et lisez les interrogatoires avec Jakov !
Et sur la même page : « De même, Ivan est entièrement sous la dépendance de Vicka. »
Les deux n’ont presque pas de contacts…
Page 179 : « En réalité, comme tous les hystériques, Vicka joue avec son corps et avec sa pathologie […] », et plus loin, page 189 : « [Vicka], véritable pasionaria tétanisée par la peur et en proie à une crise d’hystérie, ne cesse de crier : “C’est notre faute, nous aurions dû prier davantage !” »
Dr Virgio Nava donne un autre diagnostic de la santé mentale de Vicka (dans un ouvrage rédigé par un collectif scientifique multidisciplinaire, Vigenti di Medjugorje, page 29) : « Elle me semble une personne de type pratique et pleine de bon sens. Elle est de caractère exubérant, spontané, avec un bon sens d’adaptation au milieu ambiant. »
Page 155 : « […] elle [Mirjana] se conduit de façon si étrange à l’école, à Sarajevo, que ses pairs la considèrent “folle”. »
Dans le document original qu’a utilisé Ivo Sivrić, et que vous citez, le mot en croate n’est pas luda (= folle) mais budala (= imbécile). Et ça n’a rien à voir avec sa santé mentale, mais plutôt avec l’insulte courante des athées envers les catholiques pratiquants. À l’époque, en Yougoslavie communiste, on considérait comme “imbéciles” tous les catholiques qui osaient ne pas renier publiquement leur foi (“Ti si budala.” Dans le sens de : “Tu es un imbécile de ne pas renier ta foi, et refuser de cette façon les faveurs du régime.”)
Et ainsi de suite…
Monsieur Bouflet, toutes ces accusations sont graves.
En toute sincérité,
Daria Klanac
Joachim Bouflet a écrit: « le remarquable ouvrage d’Elisabeth Claverie intitulé "Les guerres de la Vierge" »
J’ai lu en long et en large ce livre d’Élisabeth Claverie (anthropologue et chercheur au CNRS). En le lisant, je me suis rappelé les paroles de Camus : “Mal nommer les choses c‘est ajouter au malheur du monde”. C’est ce qu’elle a fait dans son livre, et des choses mal nommées ainsi que des erreurs graves, j’en ai trouvé à chaque page.
À partir de ce moment j’ai commencé à douter de cette institution, le CNRS, qui subventionne de telles recherches. Cette institution, que j’avais toujours considérée avec sérieux jusque-là, n’est plus pour moi une référence toujours sûre.
Élisabeth Claverie n’a même pas réussi à bien écrire mon nom lorsqu’elle réfère à mes ouvrages et dans sa bibliographie. A-t-elle bien lu ne serait-ce que la page couverture pour écrire “Diana Klanac” et avec un accent sur le "c" final ? Grossière erreur sur le prénom, et ajout d’un accent diacritique qui n’existe pas. Klanac se prononce bien Klanats et non Klanatch (si le "c" avait été accentué).
Et au travers de tout le livre, les erreurs d’accentuations diacritiques sont innombrables. Lorsqu’on ne maîtrise pas l’accentuation d’une langue étrangère, il n’est pas nécessaire d’en inventer, il suffit de n’en mettre aucun, ce qui est très courant pour les livres en français qui citent des mots en d’autres langues.
Elle soupçonne mon travail sur les interrogatoires des voyants lors des premiers jours comme étant “apocryphe” et réorienté sur un “mode politique” (insinuant donc que j’aurais modifié les dialogues en ce sens !)
Elle ne voit que des différences minimes entre ma transcription et celle d’Ivo Sivrić. Alors que, chez Sivrić, il manque la moitié des interrogatoires, et ce qu’il a retranscrit est rempli d’erreurs. Qui peut encore soutenir la thèse de Sivrić (selon laquelle les voyants de Medjugorje auraient simplement copié Lourdes) sur la base de sa transcription erronée ?
Parmi tant d’erreurs dans son travail d’anthropologue et de chercheur, je vous en cite quelques-unes.
Page 254 : « […] la mère de Jakov qui est la sœur de celle de Mirjana. », puis, page 372 : « Le père de Mirjana Dragićević, Jozo, est le frère de la mère de Jakov […] »
Donc le père et la mère de Mirjana sont frère et sœur !
Elle affirme aussi que tous les voyants sont membres d’un même et unique clan familial.
Ce qui est faux. Il n’y a que le père de Mirjana et la mère de Jakov qui sont frère et sœur. La confusion est totale.
Je me demande, quelle est cette pratique anthropologique qui commet de telles erreurs ?
Page 136, elle nous apprend que dans cette région : « [les cimetières] sont des lieux de culte, on y prie, on s’y assemble, on y mange. »
On ne mange jamais en aucune occasion dans les cimetières à Medjugorje.
Je n’ai jamais connu une telle coutume ni en Croatie ni en Herzégovine occidentale.
Page 141 : « Joachim Bouflet, membre du clergé »
Monsieur Bouflet, puisque vous mentionnez être marié, dites-nous de quel clergé êtes-vous membre ?
Page 141 : « Les franciscains et les voyants ne sont pas épargnés par Joachim Bouflet et sont accusés, classiquement, de ne vouloir dans tout cela que sexe, argent, influence et pouvoir. »
Monsieur Bouflet, ces accusations sont-elles bien les vôtres ?
Page 217, la Vierge aurait donné aux voyants un “slogan” : “Paix et fraternité”, puis Élisabeth Claverie relie ce “slogan” avec le slogan titiste du régime communiste “Fraternité et unité”.
Il n’y a jamais eu de slogans politiques transmis aux voyants. Les messages de la Vierge parlent de paix et de réconciliation.
Page 239 « Quant aux messages secrets (les voyants ont tous reçu dix secrets)… »
Seulement trois des six voyants ont reçu les dix secrets (Mirjana, Ivanka et Jakov), car c’est à ce moment aussi que cessent les apparitions quotidiennes. Ivan, Marija et Vicka n’ont pas encore reçu ce dixième secret et ils affirment voir la Vierge à chaque jour encore aujourd’hui.
Page 244 : « Le 25 juin 1981 qui fut retenu comme le premier jour des apparitions (et non la veille) puisque ce jour-là seulement que l’ensemble du groupe des voyants vit la “vierge” pour la première fois, la veille n’ayant réuni que deux d’entre eux. »
Elle qui dit bien connaître les phénomènes d’apparitions et travailler sur le terrain devrait savoir qu’ils étaient quatre sur six réunis le 24 juin : Ivanka, Mirjana, Vicka et Ivan Dragićević (qui font partie du groupe qui est ensuite devenu permanent) et Ivan Ivanković et Milka Pavlović. Ces deux derniers vont être remplacés le jour suivant, le 25 juin, par Marija Pavlović et Jakov Čolo.
Il y a encore bien d’autres erreurs importantes, approximations, insinuations, accusations et du mépris, beaucoup de mépris, particulièrement envers les pèlerins et leur démarche de conversion simple et sincère.
En toute sincérité,
Daria Klanac
Chère Madame Klanac
Je vous remercie de toutes vos remarques sur mes propos - je sais que j’ai été très polémique dans le premier livre, et je le regrette - et des précisions sur le livre d’Elisabeth Claverie (je ne m’attache certes pas aux erreurs d’accentuation), et je suis content que vous apportiez certaines précisions sur les us et coutumes de la Croatie et de l’Herzégovine occidentale. J’avais relevé diverses erreurs que vous signalez (je ne fais parie d’aucun clergé… je suis un laïc marié…). J’aimerais surtout que l’on mette à profit cet échange pour croître dans la charité et l’humilité, dont nous avons tous besoin.
Je n’ai jamais compris le refus de la plupart des "pro-Medjugorje" (et de l’abbé Laurentin en particulier) de participer à une table ronde sur le sujet avec les "anti"… mais ils doivent avoir leurs raisons.
Par ailleurs, il y a certaines interprétations de ma part que je ne pouvais savoir fausses : lorsque Ivo Sivrić écrit "folle" eu lieu d’"imbécile", je ne peux savoir qu’il fait erreur, puisque je ne connais pas le serbo-croate… et je lui fais confiance (à tort, comme vous me le démontrez)… etc.
Bon, comme je l’ai écrit, je n’ai plus l’intention de polémiquer sur Medjugorje et sur les voyants. Je vais simplement m’efforcer de regarder tout cela avec un maximum de charité et d’objectivité, sans plus rien publier. Je crois que c’est la voie la plus sage.
Cordialement.
Joachim Bouflet
Cher Monsieur Bouflet,
Je vous remercie pour votre réponse.
Et pour continuer dans l’esprit d’une recherche ouverte, j’aimerais ajouter ces quelques points au sujet de votre livre Ces dix jours qui ont fait Medj.
Nous sommes au 10e jour d’apparition qui serait le dernier (3 juillet 1981). Il y a là tous les voyants et quelques témoins dont un, et non le moindre, le père Mijo Gabrić, journaliste de La voix du Concile (journal officiel de l’Église de Croatie). L’année dernière je l’ai rencontré à Zagreb à deux reprises, et ensuite nous nous sommes échangés des lettres. Ce chanoine à la cathédrale de Zagreb est quelqu’un de neutre et très ouvert. Aussi, il met à ma disposition l’intégralité de ses archives sur la première année des apparitions. Présent à la "dernière" apparition, il écrit son premier article sur Medjugorje le 12 juillet 1981 en de très beaux termes et ne cache pas ce que les enfants ont dit lors de ce dixième jour, que c’était "la dernière".
Dans Comprendre Medjugorje, page 249, j’écris : « Il est donc injuste et irresponsable d’accuser les franciscains, les voyants, la paroisse tout entière d’avoir caché, manipulé ou réorienté le cours des apparitions à partir du 11e jour, comme le font incessamment les opposants de Medjugorje. « Une semaine plus tard [après le 10 e jour], raconte le père Mijo Gabrić, je suis retourné à Medjugorje avec des appareils photo professionnels. J’ai photographié les voyants pendant la « vision » avec un flash 4x800 watts à la seconde à distance de deux mètres. La luminosité est telle que l’œil humain ne peut s’empêcher de cligner des paupières. Je les ai photographiés directement dans les yeux, exprès, pendant l’apparition. Ils n’ont pas eu un seul battement de paupière. Lorsque la vision fut terminée, j’ai continué de les photographier ; ils priaient le chapelet et à chaque flash ils ont réagi. »
Le 11e jour les voyants affirment avoir eu l’apparition chacun de leur côté (ne s’étant pas réunis puisqu’ils avaient cru comprendre que c’était fini). Une semaine plus tard, Mijo Gabrić revient à Medjugorje, assiste à l’apparition et filme les jeunes, avant, pendant, et après l’extase. Les apparitions continuent sans interruption. C’est public, c’est filmé. Il n’y a rien de caché. L’évêque est au courant de tout. Le journaliste est hôte chez lui. Ensemble, ils viendront à Medjugorje afin d’interroger les enfants. Ils ne découvrent aucune contradiction. L’évêque affirme: « Les enfants ne mentent pas » et le confirme au journaliste. Durant toute cette période d’été et d’automne, il défend les enfants et les franciscains. Il est la personne par excellence à l’appui de la preuve de la continuation des apparitions. Désormais, dans la presse catholique croate, les informations sur Medjugorje sont régulières et positives. On n’y parle plus de “la fin des apparitions”. Bien au contraire. J’ai tous ces articles sous mes yeux.
La bonne nouvelle de Medjugorje attire les fidèles, les prêtres, les théologiens. Ils assistent aux apparitions et témoignent vivre des expériences extraordinaires.
L’évêque tient bon jusqu’au moment où il est pointé du doigt par le régime communiste. Il ne se retourne contre Medjugorje qu’à partir du moment où « le cas d’Hercégovine » (conflit qui dure depuis plusieurs générations) interfère avec les apparitions.
Rome lui conseille la prudence et la patience : « Le Vatican a dit d’attendre que les apparitions cessent, car si cela ne vient pas de Dieu, tout finira par se désintégrer. » (Chronique paroissiale de Medjugorje, p.120).
Sage consigne, qu’il n’a pas respectée.
Il reste jusqu’à nos jours l’avocat du diable dans le combat de Medjugorje pour sa propre purification (celle de Medjugorje).
Enfin, concernant les mots de la Sainte Vierge « trois jours » en réponse aux voyants qui, le septième jour, La questionnaient sur la durée des apparitions. « Mirjana: Je lui [à la Vierge] ai demandé combien de jours elle va rester avec nous. Combien de jours exactement restera-t-elle avec nous ? Elle a dit : trois jours. »
Il faut noter que la question utilise le verbe “rester” et non “apparaître”, ce qui peut laisser place à des interprétations symboliques. D’ailleurs, cela met en lumière, sur cette même question de la durée, la réponse de la veille (le 6e jour) : « Autant que vous désirez ».
Ces « trois jours » de la Sainte Vierge on finira par les comprendre un jour pleinement. Dans le langage biblique, le chiffre trois signifie une épreuve qui dure dans le temps mais se termine bien.
Je pense profondément, étant donné qu’il n’y a pas eu d’interruption des apparitions après le 10e jour, que ces paroles de la Vierge ont un sens prophétique et que nous nous trouvons peut-être en plein dans ces trois jours actuellement.
En toute sincérité,
Daria Klanac
Julienne a écrit: « Alors, j’ai décidé de ne plus me contraindre et de rester ouverte à la Grâce car je risquais de passer à côté d’un don de Dieu. »
Justement, la Sainte Vierge a dit à plusieurs reprises que sa venue à Medjugorje est un temps de Grâce qui nous est offert.
Et c’est ainsi que je comprends de plus en plus la réponse « trois jours » qu’elle a donné à Mirjana concernant la durée des apparitions : « Trois jours » de Grâce que le Ciel nous donne par Marie.
« Trois jours » de Grâce qui se prolonge, c’est un signe pour notre temps.
Daria