Medjugorje : Réponses aux objections — Chapitre VI
Daria Klanac, Medjugorje : réponses aux objections, Le Sarment, Paris, 2012, 2e éd. (1re éd. 2001, ISBN 2-866-79322-6), chapitre vi, pages 69 à 73.
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Il semble que Notre Dame ait donné au P. Vlašić et à Agnès Heupel, une Allemande prétendument guérie à Medjugorje, l’inspiration d’établir et de diriger ensemble leur communauté, à la façon de saint François et de sainte Claire, comme le dit Vlašić. Pour que cette action réussisse, le P. Vlašić a demandé à Marija d’y ajouter « son témoignage », en trois pages. Elle est membre de cette communauté et, le 21 avril 1988, elle écrit : « J’éprouve le besoin […]. Comme on peut conclure, Notre Dame a donné un programme déterminé à cette communauté de la « Reine de la Paix », et elle la dirige à travers le P. Vlašić et Agnès qui donnent des messages à la communauté. J’appartiens à la communauté depuis un mois et demi. J’ai des apparitions et Notre Dame me conduit dans le mystère de la souffrance qui est le fondement de cette communauté. Je dois tout [p. 70]écrire et le publier dès que Notre Dame me le dira. J’ai compris le plan de Dieu, dont il a entrepris la réalisation par Marie dans la paroisse de Medjugorje ». Cet extrait est tiré des pages 15 et 16 du texte du P. Vlašić…
La même Marija Pavlović fit une autre déclaration publique le 11 juillet 1988. Sur une simple feuille de papier distribuée de la même façon que le précédent exposé, elle a noté : « Je ressens l’obligation morale de déclarer devant Dieu, Notre Dame et l’Église […]. D’après le texte intitulé “Un appel”, il apparaît que j’ai donné la réponse de Notre Dame à la question avancée par le P. Vlašić, etc. Je déclare à présent que je n’ai jamais recherché auprès de Notre Dame la confirmation des travaux du P. Vlašić et d’Agnès Heupel[…], ma première déclaration […] ne correspond pas à la vérité. Le P. Vlašić m’a suggéré quelquefois que moi, en tant que “voyante”, je devrais rédiger une déclaration que le monde attend […]. Tout ce que j’ai dit est contraire à la vérité. Cela, je le déclare devant le Saint-Sacrement. Marija Pavlović. »[36]
Marija Pavlović est l’une des voyantes dont la simplicité et la discrétion attirent spécialement. Peu après le début des apparitions Marija interrompit ses études pour se mettre à la disposition de Gospa. Elle est maintenant [p. 71]mariée et mère de trois enfants; elle continue d’être amoureuse de l’enseignement de Jésus Christ et désire lui rester fidèle.
Une fois par mois Marija transmet à un père de la paroisse le message de Notre Dame destiné à la paroisse et au monde. À ce propos, voici le message que Gospa a donné à Marija le 1er mars 1984 :
Chers enfants, j’ai choisi cette paroisse d’une façon particulière et je désire la guider. Je veille sur elle avec amour et je voudrais que vous soyez tous miens… Chaque jeudi, je vous donnerai un message particulier.
Plusieurs fois déjà, cette mission a été remise en question par les autorités diocésaines. Chaque fois Marija a cherché conseil auprès des autorités de l’Église, notamment en 1992, auprès du cardinal Franjo Kuharić, qui, à l’époque, était encore président de la Conférence épiscopale de l’ex-Yougoslavie : il l’a encouragée à poursuivre. Marija met toute sa confiance en Dieu. Quant à sa confiance dans les hommes, elle a été quelque peu ébranlée. Ce qui l’a le plus touchée, ce fut le malentendu entre elle et la communauté Reine de la Paix fondée et dirigée par le P. Tomislav Vlašić et Agnès Heupel, une Allemande convertie et guérie à Medjugorje.
En février 1988, Marija se rendit en Italie pour faire, dans cette communauté, une expérience de vie contemplative et discerner quelle était sa voie. Fière de la présence d’une voyante dans ses rangs, la communauté chercha de plus en plus à associer le nom de Marija à la communauté. Le malentendu prit forme lorsque Marija [p. 72]comprit que son charisme ne correspondait pas à celui de cette communauté.
L’année 1988 était une année mariale. Marija venait d’arriver dans la communauté comme stagiaire. Le P. Vlašić publia un opuscule intitulé : Un appel pendant l’Année mariale. Pour faire connaître sa communauté et la présence de Marija en son sein, il inséra dans sa brochure un témoignage que Marija n’avait pas écrit elle-même mais que, naïvement, elle avait signé. Voici un extrait de ce témoignage publié par le P. Vlašić et qui a retenu l’attention de l’évêque :
(Gospa) guide cette communauté par le P. Tomislav et Agnès et c’est par eux que viennent les messages pour la communauté… je suis dans la communauté depuis un mois et demi, j’ai des apparitions seule et la Vierge me conduit dans le mystère de la souffrance…
Après avoir quitté la communauté, devant l’ampleur des bruits que suscitait son « témoignage », elle s’expliqua publiquement sur le malentendu par une déclaration qu’elle signa le 11 juillet 1988 :
… Je déclare à présent que je n’ai jamais recherché auprès de Notre Dame la confirmation des travaux du P. Vlašić et d’Agnès Heupel.
En comparant son premier témoignage et sa déclaration ultérieure citée ci-dessus, on retrouve les mêmes affirmations :
1. que c’est par le P. Tomislav et Agnès qu’est dirigée la communauté;
[p. 73]2. que c’est par eux que viennent les messages pour la communauté;
3. que Marija ne reçoit ni ne transmet de messages pour la communauté;
4. qu’elle n’a jamais non plus demandé à Gospa de confirmer l’existence de la communauté.
Par conséquent, on ne peut relever aucune contradiction entre les extraits du témoignage de Marija et sa déclaration ultérieure cités ci-dessus.
Par sa déclaration du 11 juillet 1988 où elle disait : « Ma première déclaration ne correspond pas à la vérité », Marija entendait se dissocier du témoignage inséré dans la brochure du P. Vlašić. Bien que les deux textes expriment avec clarté sa non-invervention dans la communauté, Marija a jugé bon de dissiper la confusion qu’avait suscitée la première déclaration. La démarche a pu être malhabile, comme le reconnut Marija elle-même; elle a pu créer un malentendu facile à exploiter comme argument contraire à la crédibilité des apparitions. Le courage et l’humilité dont a fait preuve Marija dans cette affaire méritent d’être soulignés. Elle a reconnu plus tard que cette douloureuse expérience avait été pour elle une occasion de maturation spirituelle.
36. Mgr Pavao Žanić, La Vérité sur Medjugorje, Mostar, 1990, p. 13. [↩]