Aux Sources de Medjugorje — Avec Notre Dame vers la culture de la paix
Daria Klanac, Aux Sources de Medjugorje, Éditions Sciences et Culture, Montréal, 2014, 3e éd. (1re éd. 1998, ISBN 2-89092-240-5), chapitre ix, pages 193 à 222.
La culture recouvre tout un éventail d’aspects divers de nature physique et spirituelle. Elle se manifeste dans la croissance progressive qui englobe toute la vie des peuples et des individus. Lorsque je [p. 217]parle de l’aspect physique, je pense à tout ce qui est à la portée de notre vue, notamment les églises, les cathédrales, les monuments historiques, l’art visuel, les institutions, écoles, universités, etc. Quand je dis spirituel, je pense à tout ce qu’on a reçu, découvert et vécu à travers l’éducation générale et les connaissances acquises dans le domaine de l’esprit. Tous ces facteurs réunis forment le cadre d’une civilisation et démontrent le niveau de développement de l’esprit et de son application dans toutes les sphères de la vie. Tout champ d’activité humaine, d’habileté, de travail et de comportement, comporte sa propre dimension culturelle en constante progression.
Depuis plusieurs années déjà, je sens le besoin de parler de la culture de la paix. Ce désir est né comme un fruit directement lié à ma participation à la diffusion du message de paix de Marie à Medjugorje.
On aspire à la paix, mais on vit dans le trouble. On négocie la paix d’un côté, mais, de l’autre, on soutient la guerre. Il n’y a pas de paix, comme si cela n’était pas possible. En réfléchissant sur ce thème, j’ai essayé de retracer les fondements mêmes de la culture de la paix. Ils sont imprimés, depuis toujours, dans le cœur humain et sa conscience.
Par les dix commandements, Dieu a voulu guider son peuple vers la réalisation d’une paix véritable. Ils sont la voie qui vaut pour chacun de nous. Chaque commandement est un palier qui mène à la coexistence pacifique entre les gens. Reliés entre eux, les commandements ont chacun leur importance majeure et aucun ne peut être omis. Ils représentent la loi de Dieu, sa Parole qui s’adresse à notre conscience, à notre raison et à notre volonté libre. Ils sont la marque de son alliance éternelle avec nous.
[p. 218]Le Roi de la paix, en venant sur la terre, a trouvé le monde déchiré par des conflits meurtriers. Par sa venue, il a confirmé l’ancienne Loi et l’a complétée. La nouvelle Loi s’exprime particulièrement dans les deux commandements de l’amour : ils se rapportent à Dieu, à notre prochain et à nous-mêmes. Ces trois niveaux, le surnaturel, le social et le personnel, donnent pleinement le sens à notre existence. Là se cache l’équilibre entre le spirituel et le corporel. Le Prince de la paix a résumé sa culture de la non-violence dans les Béatitudes. C’est le plus bel hymne à la paix. Les vrais artisans de paix doivent posséder un cœur pur, être doux, miséricordieux, assoiffés de justice. Comme tels ils sont proches des pauvres, des persécutés et de tous ceux qui souffrent et pleurent.
En ce temps-ci, la Reine de la paix est venue raviver la semence de la culture de la paix qui sommeille profondément dans les cœurs. Elle est venue la ranimer et l’exposer aux rayons d’amour de Dieu. Elle est venue la soigner et lui redonner ses ingrédients vitaux pour qu’elle pousse et porte fruit. La Vierge bâtit sur ce qui a été créé par Dieu. Elle ne démolit rien et ne construit rien de nouveau. Marie est l’envoyée du royaume de la paix. De ce point de vue, le message de la paix est une grande grâce pour notre temps. Ce message fait appel avant tout à la paix du cœur, car la culture de la paix rayonne de notre propre cœur dans les familles, les communautés, les peuples et le monde.
J’ose dire que la culture du cœur est du genre féminin. En l’année de la femme, le Saint-Père Jean-Paul II s’est adressé spécialement aux femmes, [p. 219]avec beaucoup d’attention et un profond respect, en leur léguant le titre de porteuses de la paix. Femme, mère de chaque être humain, elle a le souci de cultiver la plus belle fleur du jardin terrestre : la personne humaine. Il est très délicat de parler aujourd’hui de la mission de la femme, sachant d’avance qu’il est impossible de plaire à tous et à toutes. Nous sommes en marche constante; dès qu’une difficulté semble résolue, d’autres surgissent. J’ai l’impression que le féminisme prend une autre tournure. À présent, il est plus facile d’évaluer ses bonnes et ses mauvaises répercussions. À travers des expériences pénibles, la femme mûrit, grandit et progresse inévitablement sur le chemin de son identité propre. Cependant, il ne faut jamais s’attendre à un recul, mais à un retour au vrai et éternel féminin renouvelé à chaque génération.
Quoi que l’on fasse, où que l’on se tourne, cherchant la solution au problème de la femme, il nous faut revenir à la source de la vérité biblique : « Homme et femme, il les créa. » (Gn 1, 27) Dans cette perspective, le problème de la femme est en même temps celui de l’homme et de l’humanité d’hier, d’aujourd’hui et de demain. En acceptant le propre de nos identités respectives en tant que femme et homme, on ouvre les voies de la culture de la paix dans nos familles et dans le monde. De cette façon, nous cultivons les relations les plus naturelles et les plus saines entre les deux sexes, aussi égaux qu’importants, chacun selon les caractéristiques qui lui sont particulières.
Si nous désirons vraiment vivre la paix, répandre et développer la culture de la paix, il nous reste à accomplir la Loi comme Jésus. Ces germes-là sont ancrés en nous, dès la naissance, et nous ne pouvons pas y échapper la conscience tranquille. Cette loi nous oblige et nous appelle à la responsabilité des enfants de Dieu et de sa paix en nous. Nous laisserons-nous interpeller, secouer et mouvoir par celle qui se met avec nous en marche vers la paix ?
Montréal, avril 1995