Aux Sources de Medjugorje — Avec Notre Dame vers la culture de la paix
Daria Klanac, Aux Sources de Medjugorje, Éditions Sciences et Culture, Montréal, 2014, 3e éd. (1re éd. 1998, ISBN 2-89092-240-5), chapitre ix, pages 193 à 222.
Les cassettes audio des premiers jours des apparitions dont j’ai fait la transcription représentent, à mon humble avis, une véritable réhabilitation contre toutes les accusations sur Medjugorje.
Les franciscains furent les premiers pointés du doigt et attaqués. D’après les interrogatoires avec les enfants, il en ressort clairement qu’ils pourraient être soupçonnés de tout, mais certainement pas de [p. 220]manipulation auprès des voyants. On voit très bien dans la transcription des documents qu’ils ont été surpris, préoccupés, très sévères et même désagréables envers les enfants. Il faut leur donner crédit et reconnaître qu’à ce moment-là ils ont su garder une certaine distance et sont demeurés objectifs. Dans une situation si soudaine et si imprévue, il n’était pas si simple de garder la tête froide, d’avoir cette présence d’esprit tout en menant les interrogatoires avec efficacité.
Le curé de l’époque, le Père Jozo Zovko, était d’ailleurs absent durant les trois premiers jours. Ses assistants, en état de choc, attendaient impatiemment son retour. Et dès son arrivée, le Père Jozo a tout de suite entrepris les interrogatoires. Les enfants lui étaient inconnus. Les doutes étaient justifiés. Il les a prévenus sérieusement de se ressaisir : « Tous ceux qui induisent les gens en erreur, Dieu les punit sévèrement, le sais-tu ? », dira-t-il à Mirjana. Il essaie de discerner : s’agit-il de la drogue, d’une ruse de Satan, d’un complot communiste ou autre chose ?
On voit bien qu’au début des apparitions les voyants agissaient sans arrière-pensée ni aucune préméditation. Ils sont tellement spontanés que cela énerve et agace le curé. Si leur « histoire pieuse » avait été inventée, il les aurait facilement confondus de mensonge. Les plus surpris, ce sont précisément les voyants eux-mêmes.
À Medjugorje, ce petit village d’Herzégovine, la vie est relativement paisible. Le quotidien en milieu rural se passe en triant le tabac, feuille par feuille, et en attendant le courrier des membres de la famille travaillant en Allemagne. Certains, dans la contrainte de l’idéologie athée, ont peur de confesser ouvertement leur foi; ils n’auraient jamais l’idée d’inventer une quelconque manifestation spirituelle ou religieuse à la colline du hameau de Bijakovići. Cela serait au prix de leur vie. Pour les parents de ce groupe d’enfants qui disent voir la Vierge, la nouvelle est lourdement ressentie; tous ont été pris au dépourvu.
On ne voit en rien la possibilité d’une entente antérieure ou d’une quelconque préparation pour accueillir une visite qui n’est pas de ce monde. Pour quelle raison quelqu’un aurait-il voulu attirer sur lui la persécution, la torture, la prison, toutes ces difficultés que certains d’entre eux ont dû traverser ?
Depuis le tout début, les relations entre les franciscains et les voyants sont demeurées à une distance saine et équilibrée. De part et [p. 221]d’autre, à travers cela, tous ont appris à respecter leur liberté réciproque. À y voir de près, c’est tout à fait surprenant.
Si Medjugorje est authentique durant les dix premiers jours, il l’est encore autant trente ans après. Des scientifiques, seuls ou en équipe, qui ont approché ce phénomène avec beaucoup de sérieux, ont depuis longtemps rejeté tout soupçon d’hallucination, de mensonge, de déviation ou de simulation.
Entre-temps, la paroisse de Medjugorje est devenue le chantier du monde. Le décor naturel et sa beauté originale ont été défigurés par le matériel de construction, la boue et le bruit. En même temps, l’intensité de la prière au sanctuaire a augmenté et le nombre de pèlerins n’a cessé de croître. Avec le bon grain, on voit évidemment pousser l’ivraie. Certains cherchent désespérément à arracher les mauvaises herbes au risque, cependant, de perdre de vue les vrais bons fruits.
Les publications sur Medjugorje ont pris des proportions bibliques, enrichies de présentations audio-visuelles prises sur le vif. En paroles et en images, on dit ce qui convient et ce qui ne convient pas. Il existe cependant des documents de qualité, à la portée de tous. Je vois une richesse particulière dans la collection des livres du Père Slavko Barbarić, dans laquelle il a développé la spiritualité des messages de Marie à Medjugorje (Priez avec le cœur — Donne-moi ton cœur blessé — Célébrez la messe avec le cœur — À l’école de l’amour — Adorez mon Fils avec le cœur.)
Les voyants ont grandi, changé, sont devenus adultes. La meilleure évaluation est donnée par eux-mêmes quand ils se disent de simples instruments de Gospa [Notre-Dame en croate]. Leur équilibre et leur ténacité dans ce contexte est un miracle en soi, explicable seulement par une aide du ciel.
Le sanctuaire au service de la Reine de la Paix ne mène pas la lutte pour son existence. Il existe et, en tant que tel, il aide les pèlerins à découvrir, à travers le visage caché de Marie, le vrai visage de Dieu. Comme la foule, composée de jeunes et de vieux, de malades et de bien-portants, de fous et d’intelligents, accourant derrière Jésus, ainsi à Medjugorje affluent toutes les catégories d’hommes et de femmes portés par un même profond désir de trouver un sens à leur vie. Ils le trouvent et le trouveront.
Malgré ma grande nostalgie des premières années des apparitions à Medjugorje, je suis heureuse de constater qu’elles durent toujours. Qu’on le veuille ou non, la visite de Gospa à Medjugorje devient notre héritage.
[p. 222]La Vierge ne se pose pas sur la terre, ne la touche pas, nous disent les enfants. Elle est entre le ciel et la terre, entre Dieu et les êtres humains; elle est sa médiatrice et notre protectrice. C’est un temps d’appels et de réponses à donner. Il marque le début d’un renouveau à travers les valeurs fondamentales de l’Évangile : prière, jeûne, sainte Messe, Bible, amour de Dieu et du prochain, réconciliation. Le Père céleste, dans sa bonté, nous le rappelle instamment par la Mère de Jésus et notre mère.
Medjugorje, aujourd’hui tout comme aux premiers jours, interpelle chaque cœur qui ressent le souci de Marie pour nous tous et pour chacun de nous personnellement.
Enfin, sous la protection de Gospa, mère de tous les chrétiens, de tous les enfants de Dieu, Medjugorje devient de plus en plus œcuménique. Là, dans cette marche vers l’unité, se retrouvent, se rencontrent, font connaissance, s’accueillent et se respectent mutuellement diverses cultures, religions et nations. À la recherche d’un Dieu unique malgré toutes les différences dans les dénominations, l’approche, l’interprétation et la pratique, tous sont guidés par l’étoile de Bethléem. Dans la nuit de ténèbres et de perdition brille cette étoile, aujourd’hui encore, pour chaque être humain qui cherche sincèrement.
Montréal, septembre 1996