Medjugorje : le témoignage des prêtres
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Témoignages de prêtres canadiens francophones venant de 13 diocèses à travers le Canada (deux en Saskatchewan, un au Nouveau-Brunswick et dix au Québec). Ils ont séjourné à Medjugorje du 17 au 26 janvier 1991 et les témoignages ont été recueillis dans la soirée du 23 janvier à la pension de Grgo Vasilj, père de Jelena, l’une des deux jeunes filles ayant des locutions intérieures.
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On nous a demandé : « Qu’elle est la raison pour laquelle vous venez à Medjugorje ? » Je me disais que j’aurai peut-être l’occasion de le dire.
Étant neveu d’un ancien politicien, j’ai la parole assez facile et je ne me plains pas quand les gens m’en félicitent. Cependant, il suffisait que je parle de la Vierge Marie pour me sentir vraiment infirme avec les mots. Je me retrouvais infirme pour la raison suivante ; certains d’entre vous connaissent le séminaire de Lac Etchemin, un sanctuaire qui existe depuis 1952 ; le prêtre qui en est le responsable est un orateur né. Quand il parle de là Sainte Vierge, je l’écouterais pendant des heures. Et pourtant quand je reviens dans ma paroisse, je finis par ne rien dire parce que je suis incapable de le dire comme lui.
Alors, la grâce que je demandais donc, en m’en venant ici, est celle de savoir toucher les cœurs. C’est bien beau de dire des paroles, mais je suis convaincu que dans l’art oratoire ce n’est pas nécessairement la grâce qui passe. Je sentais le besoin de pouvoir vraiment toucher les cœurs, mais, au cours du pèlerinage, je me suis rendu compte que pour avoir cette grâce, il y avait une chose importante à faire : la conversion.
A ce propos, je ne vous dirais pas dans quel domaine je pense en avoir besoin parce que je ne voudrais pas vous scandaliser. Je crois que tous les prêtres ici en ont vécu autant que moi… Et je suis convaincu qu’à travers tous les témoignages qui nous ont été faits par les voyants – par celle qui a des locutions intérieures ou par les deux pères que nous avons rencontrés – je suis convaincu que le Seigneur me donne des grâces et me demande de changer des choses au plan personnel, mais aussi au plan paroissial.
En paroisse, j’ai une équipe de quinze personnes et nous nous réunissons le lundi soir ; c’est le groupe de soutien pastoral et non pas un groupe de prière charismatique. J’ai constaté que quand nous avons commencé à prier, beaucoup de changements sont intervenus. Dans une des deux paroisses que je sers, il y avait alors à peu près 75 personnes sur 400 qui venaient. Je dois vous dire qu’au bout de six mois, il en venait 150. C’est la force de la prière ! Et cela venait confirmer ce que je pensais d’avance.
L’autre chose que je voulais dire, c’est qu’on est un peu gêné de se confesser les uns aux autres. Je reviens toujours avec la même réflexion personnelle, en me disant qu’il me manque certainement quelques degrés de sainteté.
Je dois vous dire que je suis très heureux de vivre au voisinage d’un saint. Je ne vous nommerai pas la paroisse par respect de sa personne. Il est mon confesseur et j’avoue que c’est un privilège inouï d’avoir quelqu’un. On se fréquente souvent, c’est un monsieur qui a 72 ans, qui est encore en paroisse et qui veut y demeurer tant qu’il le pourra. Nous avons une relation de simplicité, une relation désarmante de simplicité. Quand on a des réunions de prêtres, vous le savez aussi bien que moi, on entend des commentaires qui font comprendre que le silence viserait beaucoup plus la charité que ces paroles en l’air. Mon confesseur est admirable : quand un confrère dit quelque chose qui n’est pas très judicieux, il trouve toujours comment intervenir pour faire changer de sujet.
A tous, je souhaite d’avoir au moins un voisin chez qui aller en toute confiance dire les besoins qu’on a de rencontrer le Seigneur.
Je voulais dire aussi que C., en me remettant le prospectus du pèlerinage, m’a dit : « Quand on va à Medjugorje, c’est la Vierge qui nous invite. » Cela faisait six ans que je désirais venir, depuis qu’il m’avait donné le livre du père Laurentin. Sa lecture m’avait beaucoup impressionné et, depuis ce moment-là, comme j’étais jeune-vieux ordonné, je désirais venir.
Quand on est vicaire en paroisse, on se sent obligé de rester avec notre curé, mais quand on est son propre patron, on s’organise, surtout quand c’est à l’invitation de la Vierge Marie ; car j’ai eu la certitude que c’était elle qui nous invitait. Hier, lorsque la voyante nous a dit qu’elle avait prié sur nous, je la voyais dans mon imagination, les deux mains au-dessus de chacun de nous et j’entendais dans mon cœur : « Oui, c’est moi qui suis venue te chercher et quand tu repartiras ce sera d’une façon tellement plus grande que tu ne te reconnaîtras pas. »
Ce qui me frappe le plus, c’est la fraternité qui relie chacun de nous. Pourquoi ne pas créer une sorte de bulletin de nouvelles qui nous permettrait de suivre un peu ce qu’on devient, d’apporter aussi des richesses comme vous l’avez fait ce soir, parce qu’il y a bien des choses qui ont été dites et qui ont été des lumières pour plusieurs. En entendant C. dire combien les prêtres ont de la difficulté à se rencontrer, je me suis dit que ce n’est pas d’aujourd’hui que cela date. Cela date de notre formation, cela date de 50 ou de cent ans, quand on nous a enseigné qu’il fallait d’abord avoir la fierté du mâle, qu’il faut tout garder pour soi de façon à ne pas scandaliser… Ne pas scandaliser est la raison qui devait prédominer chez le prêtre, de sorte qu’on ne se confie pas facilement. Voyez, j’ai bien de la joie à rencontrer mes confrères, mais de là à me confier facilement… Ho ! Je vous assure qu’il y a plusieurs barrières à faire sauter !
J’aimerais souligner autre chose. On a parlé toute à l’heure de nos évêques. Aujourd’hui, quand on rencontre des confrères il ne faut pas trop parler de Medjugorje. On m’a même dit : « À Montréal, il ne faut pas parler de ça. Ils ne veulent même pas nous écouter. » Les évêques, à cause de leur charge, sont obligés d’être plus prudents, mais dans d’autres domaines ils manquent peut-être un peu de prudence. En tout cas je dis qu’il faut prier pour nos évêques. Nous en avons tous besoin.
Quand vous voyez l’éclatement des familles, le nombre de suicides chez les jeunes… quand on voit tout ce qui nous frappe et nous peine… Pourtant il est de nombreuses familles dans lesquelles on a parlé souvent du Bon Dieu, on a aimé le Bon Dieu, on a fréquenté l’église… alors, on se demande d’où cela vient-il ? Si vous êtes capable de trouver une seule vraie cause, donnez-la le plus tôt possible. Oui, je sais, il n’y a pas une seule cause, mais des causes multiples qui sont toutes reliées.
Alors, il est grand temps, pour ceux qui pensent que la Vierge est capable d’intervenir, de se regrouper pour tâcher de s’encourager, car, comme C. l’a dit tout à l’heure : « Quand on se sent tout seul, on trouve cela bien pénible. »
Le Bon Dieu m’a fait vivre une épreuve. Je n’ai presque pas prié parce que j’ai été pratiquement deux jours abattu par la maladie. Alors, j’ai dit à la Sainte Vierge simplement : « Que votre volonté soit faite. » C’est tout. Quand je suis allé à l’église, je me suis posé cette question : « Comment se fait-il que ces Croates, qui ont été persécutés, ont pu conserver encore avec un soin jaloux le patrimoine que nous autres sommes en train de lâcher dans notre province de Québec ? Comment se fait-il qu’on ait abandonné tous les vêtements religieux ? » Le père capucin, toute à l’heure, est arrivé à la messe et n’a pas eu peur de prendre la chasuble ; ici, on reprend encore des chants en latin, on n’a pas peur de chanter à la messe, on n’a pas peur de faire de la messe une solennité. Alors que nous autres, plus c’est court, plus c’est parfait.
Je pense que, graduellement, on devrait essayer de réintroduire tout cela afin de ramener les fidèles. Excusez-moi, mais moi, je chante ma messe, même quand je suis seul. Je me dis que c’est ma façon de glorifier le Seigneur du mieux que je peux. Je demande cette grande simplicité au Seigneur et à la Vierge Marie qu’il m’a fait la rencontrer ici.
Ivan, Marija, Jelena… la façon dont ces gens-là ont répondu est tellement conforme à l’Evangile ; on ressent tellement dans leurs paroles la présence du bon Dieu que cela me confirme que ces apparitions sont vraiment le signe que la Vierge est notre maman, qu’elle prend pitié de nous et vient à notre secours.
A cause de ces deux jours de maladie, je n’ai pas réalisé tout ce que j’aurais voulu, mais je suis fier d’être venu et puis, en fin de compte, de repartir avec encore une conviction plus profonde que la Vierge m’a pris au début de ma vie et que maintenant elle est en train de m’attirer vers le cœur de son Fils. Merci !