Medjugorje : Réponses aux objections
Daria Klanac, Medjugorje : réponses aux objections, Le Sarment, Paris, 2012, 2e éd. (1re éd. 2001, ISBN 2-866-79322-6), introduction, pages 15 à 19.
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David dit : « Le Seigneur qui m’a arraché aux griffes du lion et de l’ours, c’est lui qui m’arrachera de la main de ce Philistin. »
Saül dit à David : « Va, et que le Seigneur soit avec toi. » (1 S 17, 37)
Je me sens interpellée dans mon for intérieur à dire ce que je pense de la contestation qui entoure les événements de Medjugorje.
Depuis le début, je suis ces événements de près. Medjugorje et toute cette région d’Herzégovine m’étaient totalement inconnus jusque-là. C’est en août 1984, lors de mon premier voyage, que j’ai commencé à les découvrir. Au fil des ans, différents aspects, social, culturel, politique et religieux, m’ont tellement intéressée que j’ai décidé d’entreprendre des recherches touchant le phénomène de Medjugorje. Originaire de Croatie, j’ai le privilège de parler la langue du pays. Je considère aussi comme un avantage de ne pas être native de ce lieu, et donc d’être libre des liens émotifs qui pourraient influencer [p. 16]ma lecture des événements. En outre, le fait de vivre à l’étranger me donne une distance qui me permet de garder un sens critique.
Depuis 1981, Medjugorje a fait l’objet de bien des observations tant scientifiques que spirituelles, et fourni l’occasion de publier de nombreux ouvrages, favorables ou non. Tout ce qui s’écrit contre Medjugorje attire particulièrement mon attention. J’y cherche de nouveaux arguments qui pourraient justifier un point de vue négatif. Je constate cependant que les opposants à Medjugorje réduisent toujours leur examen de l’événement à une sélection de facteurs humains, sans tenir compte de la possibilité d’une manifestation divine. Ils ignorent dans leur analyse, des faits déjà connus et reconnus. La compréhension des événements ainsi que le contexte social, culturel et politique dans lequel est plongé le religieux, leur échappe.
Le courant anti-Medjugorje soutient que Medjugorje est fondé sur le mensonge et n’est qu’une pure et simple invention qui sert des intérêts de toutes sortes, nuisant à l’honneur de l’Église. Mais ce courant encore si fort et persistant aurait dû depuis longtemps porter un préjudice définitif à l’événement. Je connais bien le côté humain de Medjugorje. Je sais d’expérience les limites et les imperfections de la nature humaine, sa faiblesse, qui n’empêchent cependant pas la grâce de se manifester : « … car Dieu est plus grand que notre cœur » (1 Jn 3, 20).
La majorité des ouvrages publiés sur Medjugorje manquent aussi parfois d’esprit critique et glissent facilement [p. 17]dans le piège de l’emportement. Cependant, il faut reconnaître le mérite de l’abbé René Laurentin qui a tenu un carnet de notes détaillées, précieuses pour la recherche et pour l’histoire.
L’esprit du message provenant de Medjugorje, dont témoignent des fruits reconnus de tous, résiste aux objections. Il s’étend et embrasse le monde en ouvrant les cœurs grâce à Marie, pour les tourner vers Dieu par la prière, les sacrements, la redécouverte de la Bible, autant de fruits que l’Église souhaiterait pour chaque communauté chrétienne. C’est véritablement un renouveau eucharistique sous la conduite de Marie.
Depuis près de trente ans, j’ai organisé plus de cent pèlerinages, accompagné par la même des milliers de pèlerins et fait des recherches sur place grâce à ma connaissance du croate, ma langue maternelle. J’ai vécu à travers cela une expérience de foi, non en marge mais au cœur même de l’Église.
Encouragée par le désir de vérité, j’ai déjà publié un livre intitulé Aux sources de Medjugorje.[2] Dans cet ouvrage, je crois avoir présenté de façon objective les matériaux d’origine, écrits et audios. J’ai abordé sans crainte ce qui concerne les sept premiers jours des apparitions. Par la suite, j’ai entrepris la recherche des documents touchant la période qui a suivi : de l’automne 1981 à l’année 1984. C’est l’époque où les sources originales ont été soumises à des interprétations multiples, elles-mêmes tributaires de nombreuses influences. A sa guise, [p. 18]on ajoutait ou retranchait aux documents témoins. C’est ce manque de clarté, tant dans les documents eux-mêmes que dans leur interprétation, qui fournit aux opposants leurs principaux arguments. La diffusion persistante d’opinions négatives m’a incitée à réexaminer mes propres archives, qui m’offrent une documentation de valeur. Je vais donc me servir de ces informations, recueillies à la source même, que j’ai réussi à sauvegarder au fil des ans.
L’Église locale est préoccupée par Medjugorje. Le 16 et le 18 août 1981, l’évêque de Mostar prit la défense des voyants et des franciscains, attaqués par le régime. Jusqu’à la fin de l’été 1981, il resta ouvert et bienveillant envers les événements de Medjugorje. Au cours du mois d’août 1981, il rencontra les autorités communistes à Sarajevo, puis réunit son clergé. Ces rencontres sont restées mystérieuses. Cependant, à partir de ce moment-là, son attitude à l’égard de Medjugorje commença à changer. Par la suite et jusqu’à sa mort, en janvier 2000, il ne cessa de nier l’authenticité des apparitions. On est encore bien loin des difficultés surgies à propos du diaire et de la chronique des événements rédigés par le P. Vlašić, documents contenant des messages prétendument dirigés contre lui.
Dans ses déclarations de 1984 et de 1990, Mgr Pavao Žanić apportait des arguments selon lesquels il n’y aurait rien de surnaturel à Medjugorje.[3] Mgr Ratko Perić[4], son successeur, a pour sa part consacré tout un [p. 19]chapitre sur Medjugorje dans son livre intitulé Le Siège de la Sagesse et il conclut dans le même sens.
L’Église de Rome, et particulièrement la Congrégation pour la doctrine de la foi, suit aussi de très près les événements de Medjugorje, mais d’une autre façon. La Congrégation manifeste une écoute attentive, du respect, de la compréhension, de la sagesse. Elle ne manque pas d’appeler l’évêque à la patience et à la prudence, appel auquel il reconnaît lui-même avoir été invité : « Le Vatican a dit qu’il faut attendre que les apparitions cessent, qu’il ne faut pas se presser, car si cela ne vient pas de Dieu, tout cela finira par se désintégrer. »[5]
Vingt ans après le début des apparitions de Notre Dame, tant d’éléments de discernement sont déjà en place qui devraient permettre un jugement plus précis sur le phénomène. Puisant dans les archives que je possède et à la lumière de ces documents, j’essaierai de démontrer que les principales objections que l’Ordinaire de Mostar et tous ceux qui ont eu accès à ses archives répandent dans le monde peuvent être examinées et comprises d’un autre point de vue.
2. Daria Klanac, Aux sources de Medjugorje, Sciences et Culture, Montréal, 1998. [↩]
3. Déclarations de Mgr Žanić, 1984 et 1990, Mostar. [↩]
4. Mgr Ratko Perić, Le Siège de la Sagesse, Mostar, 1995. [↩]
5. La Chronique des événements, pp. 120-125. [↩]